« LA VIEILLESSE N’EST PAS UNE MALADIE ! »
s'exclame dans CHUV/Magazine (automne 2008), interviewé par Bertrand Beauté, le célèbre Albert Jacquard, généticien et essayiste. Voici quatre graines de réflexion que j'extrais de cette interview, afin qu'elles mûrissent dans les esprits et dans les cœurs :
--- « On devrait caractériser l'âge non pas par le nombre d'années déjà vécues, mais par le nombre d'années encore à vivre : ce sont ces années qui mesurent la capacité des individus à s'engager dans des projets, à regarder l'avenir comme une période à construire et non comme une attente de la fin. »
--- « Je côtoie des personnes de 30 ans qui sont déjà très âgées. A l'inverse, l'abbé Pierre, que je connaissais très bien, a été vieux très tard. Il avait toujours des choses à faire. (...) Quelque part, je pense qu'il n'a jamais été vieux. »
--- « C'est cela qui est important: disposer d'une occupation au sein de la société. (...) Il faut donc que le 3e âge soit davantage intégré, parce que le bonheur de chacun provient du sentiment d'être utile. »
--- « L'important, c'est d'avoir le sentiment de ne pas perdre son présent. »
« AVANCER EN REGARDANT HAUT DEVANT »
Alerte à 90 ans, Gérard Aubert, agriculteur puis maraîcher, ancien alpiniste, livre à la journaliste Ludivine Guex son secret : « Ce n'est pas compliqué. Quand on fait de la montagne, il faut regarder en haut et devant, la vie c'est la même chose : il faut toujours avancer en regardant haut devant. » (« La Côte », 23 déc. 08.)
« 30 minutes d’exercice physique 3-4 fois par semaine sont des conditions optimales. Marcher une heure par semaine réduit déjà de moitié le risque de maladie cardiaque. L’exercice combat la perte osseuse et le risque de fracture. Il peut être motivant de participer à la vie d’un groupe qui propose marche, nordic-walking, gymnastique ou promenades en montagne. » Dr Pascal Piccinin, médecine interne FMH.
« Le cerveau ne s’use que lorsque l’on ne s’en sert pas. On perd chaque jour 100’000 cellules nerveuses, mais le cerveau en compte plusieurs milliards ; il nous en reste assez pour vivre autonome jusqu’à 120 ans. (…) La gymnastique des neurones est aussi profitable que celle du corps. » Dr Pascal Piccinin.
« Il existe une relation étroite entre les relations sociales et la santé physique et mentale. Les personnes âgées vivant seules, sans contact, se sentent inutiles, ce qui mine santé et moral. Le maintien d’une vie sociale stimule le cerveau, élève le taux de sérotonine et réduit le risque de dépression. » Dr Pascal Piccinin.
S’il s’agit de nourrir l’esprit, l’Université du 3e âge, en Suisse, offre cours et conférences (www.uni3.ch).
Pour toutes sortes d’activités utiles au corps et à l’esprit et favorisant les relations sociales, si importantes pour le moral des « aînés », je recommande Pro Senectute, en Suisse (www.pro-senectute.ch). Méfiez-vous de certaines sectes qui guettent votre éventuelle fortune, et prenez garde aux arnaques (voir la partie ARNAQUES de mon site).
Si le « diplôme » et la rosette que décerne le TCS à ceux qui sont sociétaires depuis 50 ans font sourire, en revanche le cours « Aînés en forme au volant » est utile et bienvenu. Renseignez-vous auprès de votre section cantonale : seulement 100 fr. pour deux après-midi suivies d’une heure avec un moniteur qui vous fera ses remarques gentiment et… confidentiellement.
Alors que les loyers sont si chers et la solitude si amère, la colocation entre jeunes (apprentis ou étudiants) et personnes du 3e âge est une solution bienvenue dans beaucoup de cas et permet d'éviter à la fois l'isolement chez soi et l'EMS. Comme le rappelait la journaliste Céline Zünd dans « La Côte » du 13 nov. 08, l'ASLOCA peut là comme ailleurs conseiller et guider. En tant que « psy », j'ajouterai qu'en sautant une génération on court-circuite bien des conflits, notamment de type œdipien (rivalité fils-père ou fille-mère pour s'en tenir aux cas les plus classiques). CB
Le coup de gueule de Jean-Robert PROBST, directeur du magazine « Générations » (mars 2008) :« Aujourd'hui, il est incontestable que les aînés vivent mieux que leurs parents. Mais ils sont encore 4 sur 10 à se contenter de la rente AVS. (...) Lors de l'Expo 02, j'avais demandé à Nelly Wenger si les deux milliards de francs investis dans ce bastringue n'auraient pas été mieux utilisés pour venir en aide aux retraités démunis. » Elle répondit qu'étant l'un des pays les plus riches du monde, nous pouvions dépenser deux milliards pour l'Expo et deux autres milliards pour l'aide sociale. Hélas, déplorons-nous avec Jean-Robert Probst, les milliards pour les retraités démunis se font toujours attendre...
Occasion de rendre un bref hommage à Pierre Gilliand, ancien professeur à l'Université de Lausanne, qui nous a quittés fin janvier 2009. Ce chercheur ne se contentait pas d'élaborer des théories: « Il avait cette préoccupation d'une véritable justice sociale » et se montrait « très soucieux du bien-être et de la souffrance des gens », témoigne, interviewé par Claire Jotterand (« 24 heures », 26 janv. 09), son collègue et ami le politologue René Knüsel. Je sentais bien cette dimension humaine quand nous étions réunis autour du micro de Marie-Claude Leburgue, pionnière du féminisme, à la Radio Suisse Romande. Sur les ressources et l'avenir de l'AVS en particulier, Pierre Gilliand s'opposait avec une sorte de feu sacré à ces experts et à ces politiciens qui prétendent que l'argent manque, qu'il va manquer... Il devait savoir qu'on en trouve toujours, en Suisse, quand on veut bien le chercher là où il se cache. CB
LA VIEILLE DAME ET SON CANICHE
Une riche vieille dame décide d'aller faire un safari-photo en Afrique. Elle emmène son fidèle vieux caniche pour lui tenir compagnie.
Un jour, le caniche part à la chasse aux papillons, et avant longtemps, il s'aperçoit qu'il s'est perdu. Errant au hasard en tentant de retrouver son chemin, il voit un jeune léopard courir vers lui avec l'intention visible de faire un bon repas. Le vieux caniche pense : « Oh, oh! Je suis vraiment dans la m..., là ! » Remarquant les quelques os d'une carcasse qui traîne sur le sol à proximité, il se met aussitôt à mâcher les os, tournant le dos au léopard qui approche. Quand celui-ci est sur le point de lui sauter dessus, le vieux caniche s'exclame haut et fort : « Ouah, ce léopard était vraiment excellent! Y en a-t-il d'autres par ici? » En entendant cela, le jeune léopard interrompt son attaque en plein élan, il regarde le caniche avec effroi, et s'enfuit en rampant sous les fourrés. « Ouf ! soupire-t-il, c'était tout juste ! Ce vieux caniche a failli m'avoir ! »
Cependant, un vieux singe, qui avait observé toute la scène d'une branche d'arbre à proximité, se dit qu'il pourrait mettre à profit ce qu'il sait en négociant avec le léopard pour obtenir sa protection. Il part donc le rattraper, mais le vieux caniche, le voyant courir à toute vitesse après le léopard, réalise que quelque chose doit se tramer. Le singe rattrape vite le léopard, lui dévoile le pot aux roses, et lui propose son accord. Le jeune léopard est furieux d'avoir été trompé : « Arrive ici, le singe, monte sur mon dos et tu vas voir ce qui va arriver à ce petit malin ! » Le vieux caniche voit le léopard accourir avec le singe sur son dos et s'inquiète : « Que vais-je faire maintenant ? » Mais au lieu de s'enfuir, le chien s'assied dos à ses agresseurs, faisant semblant une fois de plus de ne pas les avoir vus, et juste au moment où ils arrivent à portée de voix, il s'exclame : « Où est donc ce foutu singe ? Ça fait une heure que je l'ai envoyé me chercher un autre léopard ! »
Morale de cette histoire : On ne plaisante pas avec les vieux de la vieille.
L'âge et la ruse arriveront toujours à triompher de la jeunesse et de la force.
L'astuce et l'esprit viennent seulement avec l'âge et l'expérience.
CINQ RÈGLES POUR ÊTRE HEUREUX :
1) Libérez votre cœur de la haine.Un homme de 92 ans, petit, très fier, habillé et rasé tous les matins à 8 h, avec ses cheveux parfaitement coiffés, déménage dans un foyer pour personnes âgées aujourd’hui même. Sa femme de 70 ans est décédée récemment, ce qui l’oblige à quitter sa maison. Après plusieurs heures d’attente, il sourit gentiment lorsqu’on lui dit que sa chambre est prête.Comme il se rend à l’ascenseur avec son déambulateur, je lui fais une description de sa petite chambre.« Je l’aime beaucoup », dit-il avec l’enthousiasme d’une garçon de 8 ans qui vient de recevoir un nouveau petit chien. « Monsieur Gagné, vous n’avez pas encore vu la chambre, attendez un peu. » « Cela n’a rien à voir, répond-il. Le bonheur est quelque chose que je choisis à l’avance. Que j’aime ma chambre ou pas ne dépend pas des meubles ou de la décoration, cela dépend plutôt de la façon dont moi je la perçois. C’est déjà décidé dans ma tête que j’aime ma chambre. C’est une décision que je prends tous les matins à mon réveil. J’ai le choix : je peux passer la journée au lit en comptant les difficultés que j’ai avec les parties de mon corps qui ne fonctionnent plus, ou me lever et remercier le ciel pour celles qui fonctionnent encore. Chaque jour est un cadeau, et aussi longtemps que je pourrai ouvrir les yeux, je focaliserai sur le nouveau jour et tous les souvenirs heureux que j’ai amassés au long de ma vie. La vieillesse est comme un compte en banque : tu retires ce que tu as amassé. Donc, mon conseil pour vous serait de déposer beaucoup de bonheur dans votre compte à la banque des souvenirs. Merci de participer à remplir mon compte, car je dépose encore… »
POUR DES SOINS PALLIATIFS DANS LES ÉTABLISSEMENTS MÉDICO-SOCIAUX (EMS)
Olivier Schnegg, directeur du Home Salem, Fondation Eben-Hézer, dans « 24 heures », 19-20 janv. 2008 : « Pour la personne âgée, il y a toute une série de ‘‘petits deuils’’ à accepter, le premier (et souvent le plus difficile !) est le passage de l’entrée en EMS. (…) Les soins, la qualité hôtelière, l’animation, l’art-thérapie ont été développés et améliorés. (…) Récemment, des responsables d’EMS ont pris conscience que, dans la relation soignant-résident-proches, l’essentiel se concentre dans la relation résident-proches. (…) Ce rôle au sein d’une relation triangulaire prend une importance accrue lorsque la personne âgée est au terme de son parcours ici-bas. (…) Il s’agit de s’assurer du confort du résident, de soulager les symptômes de douleur et de mal-être, d’être près de lui, de le rassurer. Dans le même temps, il convient également d’accompagner la famille, de lui faciliter les choses si l’on peut dire : mise à disposition d’un lit ; possibilité de prendre un repas (même en dehors des heures officielles) ; moments d’échanges et de parole. (…) Cette approche intègre donc autant la famille que le patient ; elle se nomme soins palliatifs en EMS. Elle prend en compte tous les aspects liés à la fin de la vie, qu’ils soient physiques, psychologiques ou spirituels. (…) L’expérience nous montre que la qualité de la prise en soins est meilleure lorsque l’ensemble du personnel d’un EMS bénéficie d’une formation adéquate. (…) Chacun dans sa fonction comprend ainsi mieux le rôle actif à jouer dans cette période délicate. »